Jeanne Balibar
« Je voudrais que la vie soit une comédie musicale » s’exclame Jeanne Balibar. Entrer dans la tête de miss Balibar est déjà un rêve en soi digne d’un « musical » hollywoodien. Car les chansons de son nouvel album, D’ici là tout l’été, pour la première fois toutes écrites de sa plume, révèlent un sens du tragique doublé d’une fantaisie espiègle. On passe par des montagnes russes d’émotions, des loopings de sensations, un grand huit d’images mentales dessiné par sa voix langoureuse et pleine de frissons. Acrobate, funambule ? Pour guider Jeanne Balibar sur le fil de sa grandiose imagination, il fallait une complice experte en légèreté profonde – ou profondeur légère -, une docteure Pop assermentée : Cléa Vincent. L’idée de réunir ces deux artistes à première vue aussi dissemblables que possible (et finalement pas tant que ça) a germé dans la tête du tourneur de l’actrice. Elle s’est avérée fructueuse. « Pour moi, ç’a été un plaisir fou de travailler avec elle. » Au gré de l’inspiration débridée de nos deux amazones auxquelles est venu prêter main-forte Arnaud Rebotini pour d’ébouriffantes suites d’arpèges électroniques, on navigue entre valse synthétique au tempo jazzy pour parler de la monogamie, « cette catastrophe ordinaire », dit-elle (JTM, c’est la tuile), ritournelle solaire aux accords synth pop 80’s (Joyeusement banal) ou encore disco-pop aux réminiscences french touch sur le thème lourd de la mort d’un ami (L’absence). Et on tangue – pourquoi pas ? – entre conte dada féministe à la Brigitte Fontaine (Cinderella), tango social mi-Paname mi-argentin (Louise Misère) ou rumba afro-électro à la Lizzy Mercier Descloux (Divabobo). Un voyage mouvementé donnant une certaine vision à 360 de la chanson française pop d’aujourd’hui.